Vers l'autonomie pétrolière
Louis-Gilles Francoeur
Le Devoir
October 4, 2008
Le Canada pourrait arriver à satisfaire ses besoins pétroliers avec
son propre pétrole à faible teneur en carbone
Les provinces canadiennes, tout comme le Canada, disposent de
plusieurs moyens pour faire en sorte que leurs raffineurs utilisent
des produits pétroliers moins dommageables pour les bilans
provinciaux et national de gaz à effet de serre (GES).
C'est ce qu'a affirmé hier au Devoir le directeur de l'Institut
Parkland, en Alberta, Gordon Laxer.
Selon ce dernier, le Canada pourrait, avec une refonte de sa
stratégie énergétique et une remise en question du gaspillage
d'énergie par son secteur des transports, satisfaire d'ici une
décennie la totalité de ses besoins avec du pétrole à faible teneur
en carbone provenant de ses propres gisements. Mais il faudrait qu'il
oblige d'abord ses producteurs à desservir en priorité
le marché canadien, une priorité que tous les pays producteurs se donnent
ailleurs dans le monde.
Quant aux provinces, ajoute-t-il, elles pourraient rapidement
réglementer les types de pétrole utilisés par leurs raffineurs pour
les obliger à utiliser des light crudes, des bruts à faible teneur en
carbone, de la même façon que les gouvernements d'ici contrôlent déjà
les teneurs en soufre, par exemple.
Cela permettrait d'interdire l'utilisation autant du bitume provenant
des sables bitumineux de l'Alberta que des pétroles de type lourd ou
extralourd que les raffineurs canadiens importent déjà du Mexique et
du Venezuela, notamment, et qui affichent des concentrations de
carbone assez semblables. Le raffinage de ces pétroles très riches en
carbone exige plus d'énergie et occasionne des rejets de GES plus
importants que le raffinage de pétroles plus légers.
Autosuffisance
Selon Gordon Laxer, le Canada est tout à fait en mesure de satisfaire
ses besoins avec ses propres pétroles légers provenant de ses puits
conventionnels de l'Ouest canadien et de Terre-Neuve, dont une grande
partie est présentement exportée aux États-Unis.
«Il n'y a aucune raison pour que le Canada ne décide pas de
rencontrer ses propres besoins avec son meilleur pétrole, celui qui
alourdira le moins son bilan de GES», affirme le chercheur de son
bureau en Alberta.
«Le Canada, explique-t-il, produit 3,23 millions de barils de pétrole
par jour et en consomme 2,2 millions. Sa production de pétrole
conventionnel est de 1,9 million de barils par jour: on voit donc que
le Canada peut satisfaire 85 % de ses besoins avec du pétrole
conventionnel à condition de donner un coup de barre à son système de
transport, lequel consomme beaucoup plus que le système européen
parce que nous maintenons en place un système de transport nettement
en-deçà de ce que permet présentement la technologie, et ce, en
raison d'habitudes qu'il faut changer.»
À ce sujet, Gordon Laxer rappelle, statistiques à l'appui, que la
France et la Grande-Bretagne utilisent moins de pétrole que le
Canada, bien que leur population soit nettement plus importante, au
point que leur consommation par habitant pour les transports
correspond à la moitié de la nôtre.
Mais le coup de barre qui s'imposerait ici, dit-il, passe par une
refonte globale de la politique énergétique canadienne.
Une politique de «priorité absolue aux besoins du Canada» exige
d'abord de rouvrir l'ALENA pour y faire disparaître la «clause de
proportionnalité». Cette clause unique au monde, dit-il, assure aux
États-Unis une priorité d'usage de nos ressources pétrolières, car,
en cas de crise énergétique, elle garantit à notre voisin qu'il aura
droit à la même proportion de nos ressources pétrolières que celle
dont il bénéficiait dans les trois années précédant la crise.
Il faudrait ensuite, ajoute Gordon Laxer, obliger Enbridge à
acheminer vers l'est du pays, par le pipeline Sarnia-Montréal, tout
le pétrole conventionnel de l'Ouest disponible, et approvisionner en
priorité les provinces maritimes et de l'est avec les 320 000 barils
produits chaque jour à Terre-Neuve.
Mais pour que le bitumen si riche en carbone des sables bitumineux
disparaisse du bilan des GES du Canada, il faudrait stopper à long
terme cette production et commencer immédiatement à cesser d'émettre
des autorisations aux pétrolières. Les permis émis jusqu'à présent
pour des projets qui n'ont pas encore vu le jour vont un jour doubler
cette production, la faisant passer de 1,2 million à environ 2,5
millions de barils par jour.
Very Rough Translation
Towards oil self-government - Louis-Giles Francoeur
Le Devoir
October 4, 2008
Canada could succeed in satisfying its oil needs with its own oil with low carbon content
The Canadian provinces, throughout Canada, have several means to make sure their refiners use less harmful oil products for balance sheets provincials and national of gas with greenhouse effect (GES).
It is what asserted in Le Devoir yesterday by Gordon Laxer, the Director of the Parkland Institute in Alberta.
According to this last, Canada could, with an overhaul of her energy strategy and a delivery being discussed of the wasting of energy by its area of transport, meet from one decade the entirety of its needs with some oil with low carbon content coming from its own supplies. But it must make first his producers clear the table there priority the market Canadian, a preference that all countries producers give elsewhere in the world.
As for provinces, he adds, they could fast regulate types of oil used by their refiners for make them use light crudes, crude with weak content there carbon, similarly than governments from here already control contents of sulphur, for instance.
It would allow to forbid use so much coming bitumen bituminous sands of Alberta that oil of heavy type or extra heavy that the Canadian refiners already matter from Mexico and from the Venezuela, notably, and which show concentration of carbon rather similar. The refinement of this very rich oil there carbon demands more energy and causes rejections of GES more important that the refinement of lighter oil.
Self-sufficiency
According to Gordon Laxer, Canada is completely capable of meeting his needs with his own light oil coming from his wells conventional from the west Canadian and of Newfoundland dog, of whom a big portion is currently exported to the United States.
"There is no reason so that Canada does not decide of meet his own needs with his best oil, the one who his balance sheet of GES " will weigh down least, asserts the researcher of sound office in Alberta.
" Canada, he explains, produces 3,23 million barrels of oil a day and use 2,2 millions. His production of oil conventional is 1,9 million barrels a day: they see therefore that Canada can satisfy 85 % of its needs with some oil conventional on the condition of giving a blow of bar in its system of transport, which consumes much more than the European system because we support in place a system of transport distinctly on this side of what allows at present the technology, and it, there reason of habits which it is necessary to change.
On this subject, Gordon Laxer says, statistics in the support, that France and Great Britain use less oil than Canada, although their population is distinctly more important, in only their consumption per head for transport correspond in the middle of ours.
But the blow of bar which would be obvious here, he says, passes by one total overhaul of Canadian energy policy.
A policy of « absolute preference at the needs of Canada » demands first to open again ALENA to remove the « clause of there proportionality ». This unique clause in the world, he says, assures in The United States a preference of usage of our oil means, because, in the event of crisis energetic, her guarantees to our neighbour that he will have straight in the same proportion of our oil means as that from which it benefited in the three years preceding crisis.
It would be necessary then, adds Gordon Laxer, to oblige Enbridge in route to the east of the country, by the pipeline Sarnia-Montréal, everything available Western conventional oil, and to supply there preference the maritime and Eastern provinces with the 320 000 barrels produced every day to Newfoundland dog.
But so that the bitumen so rich in carbon of bituminous sands it disappear from the balance sheet of GES of Canada, would need to stop in long term this production and to begin immediately ceasing issuingapprovals in the oil. Licences issued until now for plans which have not come into the world yet go one day to double this production, getting it of 1.2 million in about 2.5 million barrels a day.